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Nous ne sommes pas critiques littéraires, ni universitaires, juste des lec[trices] doué[e]s de sensation, et qui doivent avoir l’humble fierté de s’y fier

Jacques Tonnet

Des artisanes libraires nous sommes.

 

De la libraire, nous avons la passion d’admirer. Comme l’artisane, nous déployons l'œuvre vers la communauté.

 

La chaleur d’une relation de proximité, la sève riche de la curiosité, le fruit d’une conversation ininterrompue;

 

μεταφορά | metaphorá : porter le sens.

 

Celui de l’amour du livre, de l’attachement littéraire, d’un esprit collectif nourri de dialogues.

Chaque livre en contient cent. Ce sont des portes qui s’ouvrent et ne se referment jamais.

Dominique Fortier

Ces mots, croisés au détour d’une page, retentissent en écho, offrent une réponse à d’autres mots logés en moi déjà. Passer d’une porte à l’autre. Ressentir de pouvoir y retourner toujours. Cultiver cette errance dans les mots des autres. Savoir qu’il ne s’agit jamais d’autre chose que d’errer en soi. C’est un cadeau de s’y sentir bien et d’en avoir besoin.
 
Lire est pour moi une boussole. La littérature, une nourriture psychique. Vivre entourée de livres, de ces piles toujours plus hautes et de ces listes toujours plus longues, éveille mon amour du cœur. Ce lieu mitoyen — pivot — entre l’objet, dont la beauté révèle sa réalité sensible, et l’espace dédié à la pensée, où les horizons brumeux tendent à se dissiper.
 
Il me vient souvent l’impression de cette communauté silencieuse. Que l’amour des livres, le bonheur de la lecture, appartient au collectif. Nous sommes plusieurs à avoir aimé ce même livre et dans le partage se tisse le lien. S’invente la communauté.

De cette source provient mon désir d’artisane libraire. L’envie de témoigner (d’être témoin) de ces liens qui inventent, un livre à la fois, cette communauté pas si silencieuse peut-être.

◎ Lire pour sublimer mes affects,
⏀ Réfléchir pour enrichir cette rencontre de soi, de l’autre, de soi en l’autre, 
⏂ Partager pour faire de la lecture cet acte de résistance.
Mélodie Caron  ♡

Lire une œuvre, c’est effectuer des déplacements, suivre une piste. On parle de pistes et cela donne lieu à une pluralité de lectures.

Louise Warren

Quelque chose dans cette idée de piste que j’aborde comme ces lignes de désir empruntées pour la première fois, dans l’intention de créer de nouveaux chemins hors des zones que nous habitons déjà avec confort. Un fil qui lie les mots un à un, et qui parfois même nous raccommode les déchirures les plus béantes. Un fil — que j’aime à voir doré & lumineux — qui lie les cœurs de nos semblables dans les mains de qui le livre s’est aussi couché — grand ouvert & vulnérable — quelques heures durant. Ces lecteur·trice·s initié·e·s avec qui s’engage la conversation, exposant cette pluralité de lectures, ces multiples fréquences.

 

Lire est aussi, donc, une porte vers nos sens. Et chaque fois il ne nous suffit que d’entrer en relation. Le toucher (et lui permettre de le faire aussi, me toucher), le sentir | ressentir, approcher un nouveau langage, et parfois, en ouvrant sa voix, faire résonner les mots vers l’autre et vivre en soi leurs vibrations. 

 

◎ Lire pour nourrir & cueillir les fleurs épanouies de ces semences enfouies par d’autres, en créer un bouquet dont le vase est mon cœur,

⏀ Réfléchir pour ne pas qu’elles se fanent, et, juste avant que de les accrocher tête en bas, annotées, permettre à leur parfum de me remuer encore,

⏂ Partager pour que s’imprègne en soi & l’autre l’infusion mutuelle de nos floraisons intérieures.

Christine AB  ♡

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photographies © Antonin Monmart
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