Quel est votre lieu préféré sur terre ?
Ma maison. J'habite une vieille dame de plus de deux siècles. Ses murs abritent les histoires de générations et son toit a chanté sous beaucop de grosses pluies. Elle est cernée de champs et battue par des vents qui font danser les arbres. Elle abrite un extraordinaire écosystème dont je ne suis que l'une des figures. Je m'y sens en sécurité, et en harmonie avec les saisons.
Quel est votre rapport au maritime, votre lien avec l'horizon, l'air du large, le son des vagues ?
La mer est omniprésente dans mon écriture, les villages côtiers se bousculent et les grandes marées battent les plages. J'ai grandi près de l'eau. Enfant, j'habitais à quelques minutes du fleuve, je passais mes vacances d'hiver sur les plages de Floride et plus tard, mes parents ont construit une maison à flanc de falaise, à Baie-Saint-Paul, ouverte sur l'embouchure large du fleuve.
De quel endroit, de quelle atmosphère avez-vous besoin pour écrire ?
J'écris surtout chez moi, ou quand je suis en déplacement. Sois dans l'extrême constance du quotidien, soit quand j'ai besoin de retrouver un espace familier parce que le monde autour de moi bouge trop. Mes textes sont aussi ma maison, et ils en remplissent toutes les fonctions.
Quel·le·s sont les auteurs et autrices qui vous accompagnent depuis longtemps ?
Anne Hébert, bien sûr, et aussi Catherine Lalonde, Alexie Morin, Marie-Andrée Gill: des femmes qui jonglent entre la poésie et la narration, et qui poussent plus loin les usages de leur langue.
Quels livres reposent patiemment sur votre table de chevet ?
Beaucoup trop de livre! Mais présentement je suis plongée dans le dernier ouvrage d'Alain Farah, Mille secrets, mille dangers (Le Quartanier | 2021).
Quelle place occupent les librairies dans votre vie ?
Je suis collectionneuse d'un peu tout, particulièrement de livres. Quand je veux lire un livre, je l'achète, pour pouvoir y revenir, le manipuler, le prêter, le perdre, le chercher. Les libraires m'ont souvent aidé à approfondir mes goûts, à passer d'une lecture à une autre, à découvrir des voix que je n'aurais pas explorées autrement.
Chez Flottille, on aime dire de la littérature qu’elle est μεταφορά | metaphorá, qu’elle porte le sens.
C’est ce qui nous a fait naître artisan·e·s libraires. De la libraire, nous avons la passion d’admirer et comme l’artisan·e, nous déployons l'œuvre vers la communauté.
Nous disons aussi que cette passion nous porte à ...
◎ Lire, comme respirer, un acte vital et nécessaire.
⏀ Réfléchir pour faire un usage fécond de la pensée et reconnaître que la vie en a été subtilement altérée.
⏂ Partager pour convoquer la poésie d’une bouteille lancée à la mer, pour laisser fuir les limites intimes de la lecture.
Et vous ? Quel est votre rapport à la lecture, à la littérature ?
Comment définissez-vous cet acte qui vous porte à ...
◎ Lire, comme plonger en apnée, à en nager si creux qu'on découvre soudain que, tout ce temps là, on avait des branchies.
⏀ Réfléchir au-delà de nos aprioris, de nos attentes ou de nos contraintes morales, pour nous exister plus libre, et plus empathique aussi.
⏂ Partager pour enseigner à ceux qui ne se sont pas découverts poissons encore, tout le plaisir qu'il y a à se laisser porter par le courant d'un livre.